MANUEL DE SAUVETAGE POUR APPRENTI... SANS INSTRUCTEUR
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Parlons franchement de symbolisme
Il existe une confusion courante entre le symbole et le signe. Pour certains, il s’agirait même d’un synonyme. Il n’en est rien du tout, car les deux ont des fonctions totalement différentes, même si elles sont parfois complémentaires. Le signe sert avant tout d’indicateur. Son objectif est de nous guider sur la voie de l’information. Son origine étymologique indoeuropéennes nous conduit au verbe « suivre ». Pour résumer, disons que les chiffres, les lettres, les panneaux de circulation, les devises… sont des signes. Alors, j’entends d’ici quelques-uns me dire, mais alors le 3, le 5 et les 7 c’est quoi ? Vous connaissez déjà la réponse, ce ne sont pas des chiffres… mais bien des nombres, ils sont même mystérieux selon nos Rituels.
S’ils nous indiquent la direction d’un lieu sacré, les signes demeurent des représentations généralement profanes. Prenons quelques exemples : les mots de passe en maçonnerie, le serment au tribunal « Je le jure », etc. sont des preuves du caractère sacré de certains signes. Pourtant, même si certains de ces signes sont porteurs d’une forte « signification », ils ne recèlent en eux-mêmes aucune essence. Ils n’existent que pour remplacer les mots pour le dire.
Abordons maintenant le sujet qui nous concerne : le Symbole, qui est un langage intuitif par excellence.
Dans toutes les Loges maçonniques, on voit entre autres Symboles, l’Équerre et le Compas. En dehors de la Loge, on trouve la croix du Christ, l’étoile de David, le logo de Nike ou celui de Mc Donald’s. Il est vrai, je vous l’accorde, que les deux derniers occupent la fonction de Symbole lorsqu’ils sont porteurs des valeurs de la marque et de signe lorsqu’ils sont placés sur le bord de la route pour indiquer le prochain magasin. Quant au Compas, Symbole du ciel, de la spiritualité ou de l’infini chez le maçon, il n’invite pas à une action extérieure, mais plutôt à un mouvement intérieur : une introspection. Nous touchons là au cœur de la question maçonnique.
Pour mieux comprendre, retournons à la source du mot « Symbole ». Il est issu du grec ancien « sumbolon » qui signifie « mettre ensemble », « joindre », « comparer ». Dans la Grèce antique, le sumbolon était le nom donné au morceau de poterie volontairement cassé, que deux contractants utilisaient pour servir de preuve de leur entente. Lorsque les deux personnages se retrouvaient un peu plus tard pour liquider la dette, chacun fournissait son morceau de poterie, qui devait parfaitement s’emboîter dans celui de son partenaire. C’était la reconnaissance d’une volonté commune entre deux personnes.
Pour faire simple, le Symbole est là pour rassembler et réunir. « Rassembler ce qui est épars ». Il s’agit bien là du travail sur l’unité.
Si nous parlons d’unité, nous devons aussi parler de division, qui est le contraire du Symbole. Le mot qui traduit son opposé est le mot « diable ». Le diabolo est donc ce qui divise, ce qui sépare, ce qui désunit !!!
Les religions ont ensuite remplacé le mot Symbole par celui de Dieu, afin de l’opposer au Diable, puis le Diable par Lucifer (le fameux porteur de Lumière, l’ange déchu)[1]. Tout cela pour mieux asservir les fidèles et créer une malsaine confusion grâce au glissement sémantique.
La réalité est qu’il existe deux forces antagonistes, d’un côté la force diabolo, celle lunaire qu’on retrouve sur le Septentrion, de l’autre côté, nous avons le sumbolon sur la Colonne du Midi. C’est celui qui réunit, car tel qu’expliqué dans nos Rituels, le midi est l’heure où l’ombre portée est la plus courte, pour cause de verticalité et d’unité du Soleil bien entendu ! Notre Soleil devient alors un Fil à Plomb naturel fourni par l’Univers.
Regardez bien en Loge, le Maître des Cérémonies possède la canne et ouvre la voie. Son opposé de Loge, le Frère Expert, possède l’Épée. Le maçon quant à lui, se trouve entre les deux. Il est attiré par le Maître des Cérémonies et poussé par l’Expert. Nous avons là un parfait triangle symbolique.
Chez les égyptiens, le pharaon avait un fouet dans la main droite, la main qui donne, (appelé flagellum), il s'agit de l'Épée de l'Expert. Le sceptre de gauche, la main qui reçoit, avait la forme du crochet (appelé Heka). Car le pharaon devait avec le crochet attirer et guider son peuple de l’avant et avec le fouet l’aiguillonner de l’arrière. La canne du Maître de Cérémonie remplace le crochet et l’Épée de l’Expert remplace le fouet. L’union des deux constitue le mariage des contraires, le feu et l’eau, le jour et la nuit, le masculin et le féminin... Pourquoi ce petit rappel symbolique me direz-vous ? Juste pour confirmer que toute la Loge n’est que Symboles et rien de ce que nous y faisons n’est neutre. Nous baignons totalement dans les énergies qui émanent de ces Symboles. Nous venons ici pour nous Initier, pour commencer le chemin de la voie intérieure. Si nous continuons le travail, c’est pour trouver ce que les maçons nomment l’Egrégore. Le sens de ce mot a changé au fil du temps. Certains Francs-maçons, pensent que cet Egrégore est une forme d’esprit collectif de type Jungien, il n’en est rien du tout. C’est méconnaître le sens symbolique du mot. La maçonnerie n’est pas un ersatz de football avec un esprit d’équipe. Elle n’est pas non plus une thérapie qui nous permettrait de nous réparer les bobos de l’âme, et encore moins, un centre de formation où nous devrions apprendre des techniques ou adhérer à une idéologie. On peut dire que la Franc-maçonnerie est justement le contraire du coaching, car si le coach est le digne héritier des cochers, celui qui conduisait sur la route ses clients dans des coches, le maçon quant à lui chemine absolument seul en utilisant fraternellement les autres pour grandir. Il fait son « Pas Sage » dans un vide, qu’il doit apprendre à aimer et personne ne peut l’accompagner, ni coach, ni jumeau, rien que lui-même.
Le mot Egrégore n’est pas le signe d’un esprit partagé par la bienveillance collective, puisqu’il trouve son origine dans le grec égrègoraô signifiant « faire lever », « éveiller », « réveiller ». Une fois de plus, nous nous trouvons dans la notion d’unité, de Fil à Plomb et de rectitude, mais en aucune manière dans la notion de réunion collective ou d’esprit partagé, comme certains le répètent à longueur de Tenues.
C’est pourquoi, j’affirme haut et fort que les Francs-maçons qui ne travaillent uniquement que sur des sujets intellectuels, traitant du social, du culturel, du scientifique ou même du spiritisme par la voie de la réflexion ou de l’analyse, n'empruntent pas la voie de l’unité ou de celle de l’éveil.
La pratique du seul travail sociétal est un encouragement à la division, une incitation au diabolo. Dans ces Loges exclusivement sociétales, le lundi toute la Loge est en accord après avoir âprement débattu pendant deux heures sur la laïcité ou la fin de vie. Le mois suivant, on remet cela sur les OGM avec des intervenants dont les connaissances sont parfois incomplètes, pour ne pas dire superficielles. Je vous le demande, même si l’exercice est fortement distrayant pour l’esprit, en quoi, ce genre de travail mental est-il suffisant en lui-même pour créer de l’unité en soi pour mener à la Sagesse ?
Heureusement, de nombreux Maîtres en chaire de ces loges « libérales » parviennent à trouver un juste équilibre de travail sur les questions de société, vocation de leur Ordre, pour l'amélioration de l'Humanité et le travail symbolique pour l'éveil individuel des FF∴ et SS∴.
Et puis, Il ne me viendrait pas à l’idée d’imposer aux 175 000 maçonnes et maçons gaulois l’obligation de pratiquer une maçonnerie symboliste, car une bonne partie donnerait sa démission immédiatement pour cause d’incompréhension et d’incompatibilité. Chacun doit pouvoir pratiquer la maçonnerie qu’il est en mesure de supporter et de comprendre. En revanche, il serait fort utile que le manque de rigueur de certaines de nos pratiques ne tire pas vers le bas l’ensemble de notre Art Royal, de manière à ce que notre recette ne suive pas le même chemin que celui de l’Église catholique, qui peu à peu s’est vidée de son sens symbolique pour devenir, dans certaines paroisses, un simulacre de spiritualité qui ne tient plus que par ses dogmes et ses souvenirs du passé.
Il serait utile que les Maîtres, porteurs de la connaissance maçonnique, par l’exemplarité de leur attitude, transmettent le message et le sens profond de notre pratique. Ainsi, chacun pourra un jour déclarer : « J’ai le sentiment chaque matin de cheminer sur la voie de l’égrégore. Je sens cet alignement en moi qui me rapproche de mon essence et me relie à celle des autres. »
Dans ce « Manuel de sauvetage… », nous allons étudier le symbolisme maçonnique. Ce livre n’a pas vocation à couvrir tous les Rites. Malheureusement pour les Frères et Sœurs dont les Symboles du Rituel sont différents, il n’a pas été possible de couvrir toutes les pratiques maçonniques, mais le principe général est là. Et puis, les Rites sont complémentaires et non en opposition. La découverte d'un autre Rite, loin d'être en contradiction avec le vôtre, permettra par comparaison, en soulignant telle absence, telle différence ou tel ajout, de mieux connaître, mieux ressentir, le Rite dans lequel vous êtes né(e). A vous, ensuite, de continuer le chemin de la recherche avec la coloration du votre.[1] Il s'agit d'une vision biblique (Isaie était un prophète juif de l'Ancien Testament). Pour les Romains, Lucifer était associé à plusieurs déesses de la Lumière. Pour un jésuite du XVIIIème siècle, Tournemine, Lucifer est comparable à Prométhée, qui donna le feu aux hommes, s'attirant le courroux de Zeus. Dans les premiers temps, Jésus fut dénommé Christus Verus Lucifer : Christ véritable porteur de lumière. C'est l'association de Lucifer au Diable par Isaïe (Saint pour les Chrétiens) qui en modifia le sens. Alors qu’originellement dans le livre d'Hénoch, le chef des anges déchus est Azazel ! Même aujourd'hui, pour beaucoup d’Évangélistes, Azazel symbolise Satan. Pour bon nombre, Lucifer, est porteur de lumière et force de créativité pour les hommes.